Salât al-Janâza : Compréhension de la prière funéraire en Islam

Salât al-Janâza

La Salât Al-Janâza, ou prière funéraire, représente un devoir collectif (Fardu Kifayah) au sein de la communauté musulmane. Si une fraction de la communauté accomplit cette prière, cela suffit à décharger les autres. Cette pratique illustre l’une des expressions les plus nobles de la compassion divine et constitue un moyen de rendre hommage à nos défunts. Le hadith célèbre de notre Prophète (Que la bénédiction et le salut d’Allah soient sur lui), narré par Abdallah Ibn Omar (Qu’Allah les agrée, lui et son père), renforce cette compréhension : « Si cent personnes prient pour un défunt, Allah lui accorde Son pardon ».

Dans cet article, explorons les éléments fondamentaux de la prière funéraire, depuis le moment de l’agonie jusqu’à l’inhumation.

Préparatifs du défunt

Avant d’aborder les détails, les méthodes et les règles de la prière funéraire, il est opportun de réviser certaines recommandations prophétiques pertinentes précédant cette prière.

Conseils prophétiques à l’agonie :

Le Prophète (Que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) a recommandé dans un hadith rapporté par Muslim : « Faites réciter à vos mourants « La ilaha illallah » ». Dans un autre hadith, il a conseillé : « Récitez Yâ-Sîn pour vos défunts ». Les érudits expliquent que la récitation de cette sourate est souhaitable au moment de l’agonie car elle facilite la sortie de l’âme. Il est donc préconisé de positionner la personne en agonie en direction de la Qibla.

Conseils prophétiques après le décès :

Après le décès, il faut fermer les yeux et la bouche du défunt, le couvrir, notifier ses proches et amis, préparer le corps pour le lavage funéraire, régler ses dettes, accomplir la prière funéraire sur lui et procéder à son inhumation.

Ghusl al-Mayyit : la toilette mortuaire

La toilette funéraire (Ghusl al-Mayyit) constitue un rituel important dans les rites funéraires musulmans, permettant de purifier le corps du défunt avant son passage dans l’au-delà. Les procédures sont strictement réglementées selon les prescriptions religieuses. Cette toilette doit s’effectuer rapidement, pour que l’inhumation puisse se faire, conformément à la pratique islamique, dans les 24 heures suivant le décès.

Qui est habilité à effectuer la toilette mortuaire ?

La connaissance des règles de lavage est une condition préalable. La préférence est donnée à la personne désignée par le défunt dans son testament, s’il en existe un, sinon, à la personne qui était la plus proche de lui, à condition qu’elle connaisse les règles du lavage.

Le nombre d’intervenants est limité à quatre, tous devant être en état de purification. Les femmes sont préparées par des femmes et les hommes par des hommes, avec quelques exceptions. Le mari peut préparer son épouse, ses fils et ses filles de moins de sept ans, et une femme peut préparer son mari ou son fils pré-pubère.

Des exceptions existent, comme pour le martyr, qui n’est ni lavé ni habillé différemment. On prie sur lui et on l’enterre dans les vêtements qu’il portait à sa mort. Le cas du fœtus de plus de quatre mois dans le ventre de sa mère est également à noter ; il doit être lavé et a droit à la prière mortuaire.

Comment effectuer le lavage du corps ?

Pour le lavage du corps du défunt, plusieurs étapes doivent être respectées et réalisées avec rigueur et respect :

1- Le corps du défunt doit être posé sur une table de lavage, ses parties intimes doivent être couvertes. Le défunt est ensuite déshabillé et placé dans une salle isolée, à l’abri des regards.

2- Il est recommandé que la personne qui lave le corps porte un gant ou un tissu autour de sa main.

3- La personne incline la tête du défunt vers elle, puis passe sa main sur son abdomen pour presser légèrement et nettoyer les parties frontales et dorsales, en éliminant toutes souillures présentes.

4- Avant de commencer le lavage, la personne exprime son intention et prononce ‘bismillah’.

5- Elle effectue les ablutions mineures (wudu) sur le défunt, en évitant de faire pénétrer de l’eau dans sa bouche et son nez.

6- Elle lave ensuite la tête et la barbe du défunt avec de l’eau mélangée à du jujubier, du savon ou un autre produit nettoyant.

7- La moitié droite du corps est lavée avant la gauche, et enfin les autres parties du corps.

8- L’utilisation du camphre lors du dernier lavage est recommandée.

9- Le corps est séché.

10- Tous les éléments amovibles, tels que les ongles et les poils des aisselles et pubiens, sont enlevés.

11- Pour les femmes, leurs cheveux sont divisés en trois tresses placées derrière elles.

Le Linceul (Al Kafan) :

Pour les hommes, ils sont enveloppés de trois morceaux de tissu blanc en coton qui recouvrent l’intégralité du corps selon la tradition prophétique.

Pour les femmes, cinq morceaux de tissu en coton sont utilisés : un comme pantalon, un comme voile pour la tête, un comme chemise, et deux pour envelopper le corps.

Concernant les enfants masculins, un seul morceau de tissu suffit, même si on peut en utiliser trois. Pour les filles, un morceau sert de chemise et deux autres comme draps.

Ces tissus sont superposés et parfumés avec du musc, de l’ambre, du camphre ou autres, à l’exception des martyrs.

La Prière mortuaire (Salât Al-Janaza) :

Il est crucial d’accomplir la prière mortuaire pour chaque musulman avant son inhumation. La Salât Al-Janaza se distingue par sa spécificité et sa simplicité, elle s’effectue debout, sans ruku (inclinaison) ni sujud (prosternation). Elle comporte quatre Takbirs séparés, marquant chacune des étapes de la prière.

Comment effectuer Salât Al-Janaza ?

Le premier Takbir :

À l’énoncé du premier « Allahou Akbar », réciter en silence la sourate Al-Fatiha :

بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ (1

الْحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ (2) الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ (3) مَالِكِ يَوْمِ الدِّينِ (4) إِيَّاكَ نَعْبُدُ وَإِيَّاكَ نَسْتَعِينُ (5) اهْدِنَا الصِّرَاطَ الْمُسْتَقِيمَ (6) صِرَاطَ الَّذِينَ أَنْعَمْتَ عَلَيْهِمْ غَيْرِ الْمَغْضُوبِ عَلَيْهِمْ وَلَا الضَّالِّينَ (7(

Le deuxième Takbir :

Postérieurement au second « Allahou Akbar », réciter silencieusement la seconde portion du Tachahoud :

اللهم صل على محمد وعلى آل محمد كما صليت على إبراهيم وعلى آل إبراهيم، وبارك على محمد وعلى آل محمد كما باركت على إبراهيم وعلى آل إبراهيم، في العالمين إنك حميد مجيد

Le troisième Takbir :

Suite au troisième « Allahou Akbar », des supplications à voix basse sont formulées pour le défunt :

اللهم اغفر لحينا وميتنا، وشاهدنا وغائبنا، وصغيرنا وكبيرنا، وذكرنا وأنثانا، اللهم من أحييته منا فأحيه على الإسلام، ومن توفيته منا فتوفه على الإيمان

Le quatrième Takbir :

Après le quatrième Takbir, répéter la prière du Prophète :

اللَّهُمَّ لا تحرمنا أجره، ولا تفتنّا بعده

La participation des femmes à Salât al-Janaza

Il n’existe pas de preuve interdisant la participation des femmes à Salât Al-Janaza. Le débat demeure néanmoins quant à leur présence au cimetière et leur visite aux tombes. Certaines écoles juridiques et savants privilégient qu’elles n’y assistent pas mais ne le prohibent pas strictement.

La condition menstruelle et Salât al-Janaza

La femme en menstruation ne doit pas participer à la prière dans la mosquée. Cependant, elle peut formuler des invocations pour le défunt et est autorisée à assister au lavage du corps d’une femme.

Les rites funéraires musulmans (Dafn)

Après Salât al-janaza, le défunt est emmené au cimetière. Il est recommandé de faire des invocations pour lui, demander à Allah sa clémence et sa fermeté lors de l’interrogatoire par les anges. Les proches doivent manifester leur tristesse avec retenue et dignité, en évitant tout acte prohibé.

Le Prophète avait l’habitude de dire après l’inhumation d’un défunt :

استغفروا لأخيكم، وسلوا له التثبيت، فإنه الآن يسأل

« Implorez le pardon pour votre frère et demandez à Allah de le renforcer, car il est à présent interrogé. »

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